Hier soir, l’émission de Frédéric Taddéï débutait par la question suivante, adressée à des artistes, écrivains et journalistes (sur le principe de l’émission, «l’actualité vue par la culture») : faut-il inscrire la gastronomie au patrimoine mondial de l’humanité ?

L’appel de Séville

Depuis vendredi dernier en effet, 155 grands chefs (rassemblant un total de 350 étoiles Michelin !) étaient réunis à Séville à l’initiative de l’association Relais & Châteaux (écouter reportage RTL). Précision importante : ces chefs sont tous des chefs «Relais & Châteaux». Hier, à l’occasion d’une conférence de presse, ils lançaient L’Appel de Séville, déclaration commune en faveur de l’initiative française d’inscrire la gastronomie comme bien immatériel au patrimoine mondial de l’humanité à l’Unesco.
Cet appel fait suite à une proposition lancée dès 2006 par Paul Bocuse, Alain Ducasse, et reprise par le président Nicolas Sarkozy lors du dernier Salon de l’agriculture (déja évoqué ici La Gastronomie, au Musée?)
Pour rappel, le Mexique avait fait une demande similaire en 2005 qui s’était soldée par un échec.

La gastronomie : patrimoine immatériel ?

D’après le site AgriSalon, Jean-Robert Pitte, Chef de la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires déclarait ainsi qu’ «il s’agit également de reconnaître la gastronomie comme premier bien immatériel au patrimoine de mondial de l’humanité de l’Unesco».

Il semble oublier que le patrimoine mondial compte officiellement déjà 90 chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité.
Mais qu’est-ce que ce patrimoine immatériel ? D’après le site de l’UNESCO,
le patrimoine culturel immatériel se manifeste, entre autres, dans les domaines suivants : les traditions et expressions orales; les arts du spectacle (musique, danse et théâtre traditionnels) ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs (carnavals, etc.); les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ; et enfin les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.

Est-ce souhaitable ? 

La gastronomie rentrerait dans la dernière catégorie. La question est dès lors « est ce souhaitable ? » 
Lors de l’émission TV d’hier, l’écrivaine Camille de Peretti rapportait que pendant l’antiquité, il était fréquent de couper son vin avec de l’eau de mer. Et F.Taddéï de rétorquer qu’heureusement à l’époque, l’UNESCO n’existait pas encore pour porter sur la liste de son patrimoine cette mixture, ce qui nous pousserait certainement aujourd’hui encore à en voir (boire ?) sur les tables des restaurants !

La conclusion du court débat d’hier soir est intéressante : mieux vaudrait placer au patrimoine mondial des variétés de fruits et légumes oubliées, anciennes ou en voie de disparition, que la gastronomie, par essence évolutive et changeante. Ca permettrait en plus de préserver la biodiversité…

Alors « sauvons les tomates » comme en concluaient de concert les invités de F.Taddéï !