De l'eau du robinet...en bouteille !
En 2006, la ville de Besançon créait la marque «La Bisontine©» afin de développer la notoriété de son eau du robinet valorisée dans une grande campagne de pub locale comme un produit de qualité, agréable à boire, peu coûteux et respectueux de l’environnement.
Le 14 mai dernier, deux ans après le premier lancement, la ville remet ça et lance «La Bisontine pétillante©», distribuée en bouteille … mais désormais payante au risque de transformer une belle initiative de sensibilisation en opération commerciale.

La Bisontine© « plate »

En 2006, la Ville de Besançon souhaitait développer un concept de marque pour son eau du robinet en lui donnant un nom caractéristique et en valorisant sa qualité sanitaire, son prix et son aspect écologique (voir le dossier de presse 2006).

A partir du constat que les services de l’Eau et de l’Assainissement souffraient d’un déficit de notoriété auprès des usagers la ville a souhaité sensibiliser ses habitants aux aspects sain, agréable, économique et écolo de son «eau municipale». Traitée par décantation, filtration et désinfection finale à l’ozone, l’eau du robinet était réhabilitée. Elle était distribuée (gratuitement) dans les bars et restaurants de la ville et servie dans des carafes estampillées de la marque Bisontine©.

La Bisontine© «pétillante» devient payante

Mais en 2008, l’opération de sensibilisation se transforme en pari économique. La ville crée « la Bisontine pétillante©», qu’elle distribue depuis le 14 mai dans les restaurants et bars de la ville ainsi qu’auprès d’une enseigne spécialisée. Il s’agit toujours d’eau du robinet, mais gazéifiée cette fois (voir le dossier de presse).

Elle est mise en bouteille pour être vendue (100 000 bouteilles – le maximum autorisé par la loi). Certes il est tout à fait logique que le service de gazéification soit rentabilisé (d’autant plus que les profits iront alimenter un fond d’amélioration du service de traitement des eaux, si on en croit les déclarations du maire de Besançon – voir reportage de France3), mais pourquoi ce tournant commercial soudain qui implique une mise en bouteille et des transports supplémentaires pour la distribution (même s’ils restent courts), alors qu’il existe depuis longtemps des unités de gazéification spécialement conçue pour une utilisation domestique ou à destination des professionnels de la restauration (voir Consoglobe) ? Ces dernières sont d’ailleurs déjà utilisées dans certains bars et restaurants à l’étranger qui produisent leur propre eau gazeuse à partir d’eau du robinet. De plus, elles utilisent une eau gratuite qui ne nécessite pas de transport pour être distribuée.
Enfin, la Bisontine pétillante© est conditionnée en bouteille de verre, et même si celles-ci sont consignées, on sait bien qu’elles ne finissent pas toujours par être rapportées.
Cette initiative, tout de même très positive, aurait certainement gagné à rester une action de promotion plutôt qu’une opération commerciale.

Des villes engagées

On ne peut s’empêcher de rapprocher l’initiative de Besançon de celle qui a été conduite à Londres récemment – postérieurement, il faut le noter (voir post Boire de l’eau pour l’économiser) : la campagne « Water On Tap », relayée notamment par les autorités municipales et nationales (Gordon Brown s’était alors engagé à renoncer à l’eau en bouteille et à faire servir exclusivement de l’eau du robinet pendant le conseil des ministres ).

Alors que font les autres grandes villes de France ? Qu’attendent-elles pour lancer des initiatives similaires ? Il est vrai que chez nous, l’industrie agroalimentaire, qui possède bon nombre de marques d’eaux minérales, ne verrait certainement pas cela d’un très bon œil…