Les enseignements des sondages
LES FAITS
Depuis des mois, la France vit au rythme des sondages. Politiques pour la plupart. Pourtant, au cours des 3 derniers mois quelques-uns des sujets étudiés sont passés curieusement assez inaperçus. Ils sont pourtant particulièrement d’actualité. 

Début février 2008, le Crédoc publiait les résultats d’un sondage intitulé «Alimentation, Se nourrir d’abord, se faire du bien ensuite». Comme ne l’indique pas le titre, les principaux enseignements en sont que 68,3% des français se disent prêts à payer plus cher leurs aliments à condition que ceux-ci présentent des avantages santé ou de respect de l’environnement, alors même que le poids des dépenses alimentaires (restos inclus) n’a de cesse de diminuer depuis des années et atteint aujourd’hui environ 18,5% du budget d’un ménage. Parallèlement, 37% se disent inquiétés par les pesticides et les OGM.
A noter également : la recherche du plaisir est presque rattrapée par la préoccupation de la santé.

Les 22 et 24 février, l’IFOP sortait successivement les résultats des sondages «Les français et l’alimentation bio» et «Les français et les prix des produits alimentaires». Le premier ne révèle pas grand-chose de neuf : 35% des sondés achètent bio de temps en temps et 94% trouvent ces produits trop chers. En revanche, le second révèle que 63% des interrogés considèrent le prix d’un aliment comme le reflet de sa qualité et que 75% se disent prêts à payer plus cher pour une meilleure qualité.

Enfin, le 20 mars, le sondage «Les français et l’alimentation» conduit par TNS Sofres montre une exigence croissante des consommateurs vis-à-vis des dimensions santé, environnement et éthique (conditions de travail et lieu de production) des produits alimentaires. Ainsi 71% se disent prêts à payer plus cher pour un produit régional (en clair, pour manger local), 68% pour un label de qualité, 66% pour des garanties écologiques, et 63% pour des produits issus d’une entreprise soucieuse du droit de ses salariés.

LE POINT DE VUE

Le point commun de ces sondages ? Ils montrent tous une évolution de la perception de la qualitédes aliments. Car la croissance des cas d’obésité, les évènements médiatiques qui ont cristallisé l’opinion autour de problématiques comme les OGM, la grippe aviaire ou la vache folle ont appelé à une nouvelle définition du « bien manger ».
Parallèlement, la représentation de l’alimentation devient de plus en plus « physiologique » et fonctionnelle, phénomène impliquant une méfiance grandissante vis-à-vis des différents acteurs de la chaîne alimentaire (distributeurs, industriels, producteurs, etc.).

Résultat : l’aliment de qualité a désormais trois dimensions : il est «bon», «sain» et «juste». Constat que faisait déjà Carlo Petrini, le fondateur du mouvement Slow Food, dans son ouvrage qu’il avait intitulé «bon, propre et juste» (publié en 2006 en France aux éditions Yves Michel). Et Petrini le dit justement : pour manger des produits de qualité, il faut certainement payer plus cher.

PASSER A L’ACTION

Alors concrètement, qu’est-ce que veut dire manger des aliments de qualité ? 
En règle générale, cela veut dire choisir de préférence des aliments bruts, transformés le moins possible (pour éviter les rajouts de sel, de sucre, de graisse, d’additifs, etc.) et les cuisiner soi-même.
C’est également choisir des fruits et légumes de saison. C’est privilégier les produits bio qui permettent d’éviter les OGM et les pesticides dans l’alimentation. A défaut de bio, le Label Rouge et l’AOC offrent des garanties intéressantes (voir page sur la qualité). Enfin, c’est choisir des produits locaux – régionaux, souvent plus frais, moins transformés et surtout plus écologiques.

Soyons honnêtes : respecter ces principes implique de payer plus cher certains aliments. Mais pas forcément d’exploser son budget. Car pour limiter la facture, il suffit de réduire sa consommation de viande, boire de l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille, s’approvisionner sur les marchés et surtout de cuisinier soi-même ce qui permet de contrôler le contenu calorique des plats.

N’oubliez pas non plus que si l’alimentation prend une dimension de plus en plus physiologique, manger est un acte éminemment social et culturel. C’est le reflet de représentations mentales et parfois même religieuses. Alors évitons de faire comme les américains qui considèrent l’aliment presque uniquement comme une somme de nutriments. Exigeons l’authenticité et la qualité et soyons attentifs à l’histoire et l’origine des produits.