Ah « manger local », la grande utopie qui laisse perplexe bon nombre de consommateurs lorsqu’il s’agit de passer à l’action.Car après tout, en dehors des AMAP(ces associations qui fournissent 1 fois par semaine des paniers de fruits et légumes produits à moins de 100 km) et d’une attention particulière portée aux étiquettes de provenance (qui parfois ne laissent pas franchement le choix), manger local n’est pas si simple.
Les restos de l’hyper-proximité
Sa valeur ajoutée : des agriculteurs-fournisseurs qui s’invitent à votre table pour répondre à vos questions sur les modes de production de ce que vous avez dans votre sandwich. Tout en vous faisant découvrir leur métier et partager leur amour du produit.
Il existe déjà des restos servant du bio, des produits plus authentiques, et qui intègrent par la même occasion une démarche écologique (voir la bio-logique des nouveaux fastfoods). Mais l’intégration d’un critère de proximité et le fait d’en faire un concept pour le restaurant sont des choses relativement neuves, même si Urban Rustic n’est pas le seul outre-atlantique à le faire (voir le fameux Farmers Diner qui affiche sur le menu les photos des paysans qui ont produit ce qu’on retrouve dans l’assiette).
Quand la campagne vient à la ville…
S’oriente-t-on alors vers une nouvelle forme de commerce urbain, plus près des gens, offrant un service de proximité, un commerce de transparence capable de rassurer sur les modes de fabrication des produits, tout en ayant une dimension pédagogique ? Ce n’est pas impossible, à l’heure où de plus en plus de voix s’élèvent pour déplorer la dilution de certains liens autrefois évidents (que ce soit avec la nature ou avec la culture d’une communauté).
Plus de transparence, plus de traçabilité.
Je ne résiste pas à introduire ici le texte de la fable de La Fontaine «Le Rat des Villes et le Rat des Champs» dont la morale est remarquablement d’actualité :
Autrefois le rat des villes / Invita le rat des champs, / D’une façon fort civile, / A des reliefs d’ortolans./ Sur un tapis de Turquie / Le couvert se trouva mis. / Je laisse à penser la vie / Que firent ces deux amis. / Le régal fut fort honnête : / Rien ne manquait au festin; / Mais quelqu’un troubla la fête / Pendant qu’ils étaient en train. / A la porte de la salle / Ils entendirent du bruit : / Le rat de ville détale , / Son camarade le suit. / Le bruit cesse, on se retire : / Rats en campagne aussitôt ; / Et le citadin de dire : / «Achevons tout notre rôt. / -C’est assez, dit le rustique ; / Demain vous viendrez chez moi. / Ce n’est pas que je me pique / De tous vos festins de roi ; / Mais rien ne vient m’interrompre : / Je mange tout à loisir. / Adieu donc. Fi du plaisir / Que la crainte peut corrompre!»
Alors quel intérêt de faire bonne chère si nos aliments ne sont pas bons pour notre santé, si nous angoissons de ne pas connaître leur origine ou leur qualité. Ce «quelqu’un qui trouble la fête» est-il l’allégorie actuelle d’une angoisse latente autour de nos aliments ? ?
Traçabilité, meilleur contrôle sur l’origine et la qualité, contact humain avec ceux qui produisent, avantages écologiques (voir l’article êtes vous locavores ou distavores ?) : tels sont les réponses de l’enseigne Urban Rustic à ces angoisses.
Et à l’heure où les grands organismes internationaux d’aide au développement font leur mea culpa pour n’avoir pas suffisamment pris en compte la dimension agricole dans les plans de développement, le positionnement de cette épicerie-snack qui offre garanties de qualité et contact avec les producteurs a quelque chose de salvateur.